Angleterre : les églises défendent leur rôle dans l'accueil des demandeurs d'asile intéressés par la foi chrétienne
Alors que des personnalités politiques britanniques accusent les églises d'aider des migrants à abuser du système d'asile sous couvert de "fausses" conversion au christianisme, un représentant de l'Alliance évangélique dénonce une "accusation grave".
La récente attaque à Londres d'une femme et de ses enfants perpétré par un migrant originaire du Moyen-Orient a suscité une polémique touchant les églises.
L'agresseur en question, arrivé au Royaume-Uni en 2016, avait obtenu le statut de réfugié après avoir déclaré s'être converti au christianisme, son témoignage ayant été soutenu par un prêtre. L'homme avait déjà été reconnu coupable d'agression sexuelle. Des personnalités politiques de premiers plans ont ainsi accusé les dirigeants d'églises de permettre à des migrants de valoriser de "fausses" conversions au christianisme pour obtenir leur statut de réfugiés.
C'est le cas de l'ancienne ministre de l'Intérieur (destituée de ses fonctions le 13 novembre 2023 NDLR), Suella Braverman. Le 3 février dernier, elle dénonçait dans les colonnes du Telegraph, le rôle des églises qui selon elle, "facilitent les fausses demandes d'asile à grande échelle". "Ils sont bien connus au sein des communautés de migrants et, à leur arrivée au Royaume-Uni, les migrants sont dirigés vers ces églises comme guichet unique pour soutenir leur dossier d'asile", a ajouté la femme politique.
"Assistez à la messe une fois par semaine pendant quelques mois, liez-vous d'amitié avec le vicaire, inscrivez la date de votre baptême dans votre agenda et, bingo, vous serez signé par un membre du clergé que vous êtes maintenant un chrétien craignant Dieu et auquel vous devrez faire face à certaines persécutions s’il est renvoyé vers votre pays islamique d’origine."
Une "accusation grave"
Interrogé par Evangelical Focus à ce sujet, Danny Webster, directeur du plaidoyer de l'Alliance évangélique du Royaume-Uni (EAUK), dénonce une "accusation grave" même s'il estime " important de prendre en compte les allégations que les politiciens ont adressées aux dirigeants religieux, selon lesquelles ils faciliteraient trop de fausses demandes d'asile".
Il ajoute que "les dirigeants de l’Église doivent faire preuve de discrétion avant de témoigner de la conversion d’une personne et être conscients des risques de faux témoignage, surtout si cela est considéré comme une voie efficace pour obtenir l’asile". Toutefois cela ne devrait, selon lui, pas "empêcher les églises d’ouvrir leurs portes, de présenter Jésus aux gens et de célébrer lorsque les gens viennent à la foi".
"Pour les églises du Royaume-Uni, l’hospitalité de ceux qui entrent au Royaume-Uni est un domaine clé de compassion pratique et un lieu de mission", a également rappelé le représentat de l'Alliance évangélique.
Soulignant que si "la discretion et l'intégrité sont essentielles", il ne s'agit pas de faire preuve de "scepticisme et de méfiance". "Les rôles des dirigeants religieux et des agents de l'immigration doivent être clairement différenciés", a-t-il déclaré en conclusion.
Une perspective également défendue par le pasteur évangélique britannique, Dave Burke. Aujourd'hui retraité, il rapporte que pendant plusieurs années son église, située dans le nord-est de l'Angleterre a abrité une communauté de chrétiens persans. "Nous avons adoré ensemble, étudié les Écritures et sommes devenus les meilleurs amis. Des années plus tard, et dispersés à travers le Royaume-Uni, presque tous vivent toujours en tant que chrétiens", a-t-il écrit dans un article pour Evangelical Focus.
"Les gens peuvent arriver dans nos églises pour toutes sortes de raisons : une fille, une migration économique ou la fuite d'une persécution, l'opportunité qu'ils présentent est trop belle pour la manquer", a souligné le pasteur.
Guli Francis-Dehqani, évêque de Chelmsford, Iranienne arrivée en Angleterre avec un statut de réfugiée a pour sa part déclaré que l'Eglise d'Angleterre n'approuve les demandes de conversion "qu'après une évaluation minutieuse" et qu'il est faux de croire que les baptêmes sont des "tickets magiques" pour obtenir l'asile.
Camille Westphal Perrier